Écriture inclusive et SEO : top ou flop pour Google et la visibilité ?

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Emma

Temps de lecture : 7 minutes

Sommaire de l'article

Dans cet article on va aborder un sujet un peu technique mais avec une bonne dose de réflexion féministe : l’écriture inclusive et le SEO. Parce que cette thématique questionne la visibilité d’un site internet sur les moteurs de recherche quand on n’est pas un mec.

Ne partez pas tout de suite à la lecture du mot “féministe”, promis je parle surtout de référencement naturel, d’optimisation et du fonctionnement des algorithmes.

Petite parenthèse, ce texte est adapté d’une de mes newsletters qui s’appelle “Google n’aime que les mecs”. Parce qu’en rédigeant mon site internet, je me suis rendu compte qu’il y avait quand même des dilemmes que les hommes ne rencontrent pas.

Par exemple : pour viser la première place dans les recherches, est-ce que j’écris rédactrice web ou bien rédacteur web ? Le premier qualifie à 100% qui je suis, le deuxième mot-clé ressort mieux et (beaucoup) plus souvent dans les résultats de recherche.

Dans cet article vous allez lire :

  • un rapide topo sur ce qu’est l’écriture inclusive ;
  • un court résumé sur le fonctionnement du référencement naturel (aka le SEO) ;
  • pourquoi l’écriture inclusive et le SEO ne font pas bon ménage ;
  • les problèmes de visibilité que ça pose pour toutes les personnes qui féminisent les termes ;
  • les solutions pour allier écriture inclusive et SEO.

C’est quoi l’écriture inclusive ?

L’écriture inclusive, comme son nom l’indique, cherche à inclure le plus de personnes possible. Elle questionne notre habitude d’écrire avec un masculin censé être neutre, dans l’objectif de rédiger d’une manière qui n’exclue personne.

L’écriture inclusive peut utiliser :

  • le point médian ;
  • les mots épicènes (les termes qui sont “neutres” qu’importe le genre)
  • des tournures de phrases dégenrées.

Si à première vue elle vous paraît futile, détrompez-vous. Les mots façonnent nos conceptions, nos imaginaires mais aussi notre quotidien bien tangible.

Vous avez déjà entendu parler d’unE génie ? Nope, parce que ce mot n’existe qu’au masculin.

Et le SEO, comment ça marche ?

Le SEO, de son petit nom “Search Engine Optimization”, c’est l’art de rédiger des textes que les algorithmes comprennent, kiffent et mettent en avant sur le podium de la première page. Entre optimisation et positionnement, le travail rédactionnel doit prendre en compte beaucoup de choses pour le référencement.

Pour cela, il faut garder en tête certaines choses :

  • les intentions de recherches des humains qui tapent leur requête dans Google ;
  • la liste de mots-clés sur laquelle vous souhaitez vous positionner ;
  • le nombre de mots de l’article par rapport aux requêtes concurrentielles et la qualité du contenu ;
  • les tournures de phrases privilégiées par Google et plus largement par les algorithmes ;
  • le niveau de compréhension du robot sur la thématique et comment cette dernière s’insère de manière globale dans le sujet grâce aux champs lexicaux, aux mots-clés, aux balises, etc ;
  • l’analyse des résultats dominants qui ressortent et comment son texte se positionne par rapport à eux.

Tout ça c’est aussi flou que votre soirée de samedi dernier ? Continuez la lecture, ça va s’éclaircir.

Écriture inclusive et SEO : meilleurs potos quand c’est pour les bros

Les algorithmes qui vont lire le texte détestent (presque) autant l’écriture inclusive que les mecs de l’Académie Française.

C’est sans doute une surprise pour personne : les algorithmes ne sont pas sexistes parce qu’on les a configurées comme tels. Ils le sont car ils reproduisent les biais des personnes qui les ont façonnés.

Ça, c’est dit.

Depuis quelques années déjà l’écriture inclusive, au point médian ou non, se démocratise. En plus de créer des débats houleux dans les milieux académiques et les repas de famille, cela pose quelques questions quant au référencement naturel et aux choix des mots-clés.

Le point médian et les algorithmes

Ce que j’avance dans cette partie résulte du croisement de différentes choses que j’ai lues et entendues sur la question et ne sont des affirmations immuables.

Lorsqu’on utilise un point de fin de phrase au milieu d’un mot au lieu d’un point médian (·) alors les algorithmes auraient supposément plus de mal à lire et donc comprendre la tournure de la phrase et donc le sens dans sa globalité.

Et c’est la même chose si on met des tirets ou des parenthèses. Elles vont venir couper la lecture de nos chers amis les robots. Et s’ils n’arrivent pas à comprendre de quoi parle l’article, alors il y a de fortes chances que cela impacte l’optimisation SEO.

Par contre, l’utilisation du point médian commence à se faire comprendre. Car plus le nombre de personnes qui l’intègrent dans leurs textes augmente et plus les robots vont appréhender ce qu’ils évoquent. La lecture sera facilitée.

À ce jour, ce n’est pas forcément la meilleure idée d’utiliser le point médian à tout-va si vous voulez ressortir dans les premiers résultats Google, que ce soit sur un mot longue traîne ou courte traîne. L’écriture inclusive et le SEO ne pourront se combiner de cette manière.

L’intention de recherche imaginée par Google

Autre problème soulevé par l’écriture inclusive quand on parle SEO : l’intention de recherche.

Myriam Jessier, spécialiste SEO explique dans le podcast La Ligne Diagonale d’Annie Picard, que parfois Google va proposer d’autres résultats en fonction de ce que lui PENSE que vous recherchez. Ainsi, si vous tapez “rédactrice web” parce que vous souhaitez bosser avec une femme, il va tout de même présenter des profils masculins.

Est-ce que ces derniers ont rédigé du contenu ciblé sur ces requêtes et se sont positionnés sur le mot “rédactrice web” ? Pas du tout.

C’est Google, et plus largement les moteurs de recherche qui se disent : “ tiens, puisque les mots “rédacteur web” sont bien plus recherchés que leur pendant féminin, c’est ça la vraie requête que vous avez envie de voir”.

Les hommes peuvent donc ressortir sur des mots féminins alors que l’inverse, jamais. Sauf si vous êtes une femme et que vous ne féminisez pas les termes de vos mots-clés principaux, of course.

La double peine de la visibilité quand il faut concilier référencement et écriture inclusive

Mais alors, comment faire quand on est une femme et que l’on veut avoir de la visibilité en écrivant pour le web ? Est-ce que le SEO nous met de côté ? Comment concilier écriture inclusive et référencement naturel ? Comment choisir ses mots ?

Oui, ça fait beaucoup de questions.

Voici, en tant qu’acribologue féministe, ce qui me passe par la tête pour essayer d’y répondre.

Les termes féminisés ont moins de volume de recherches

Si je fais tout pour me positionner sur « rédactrice web », même si j’arrive en 1ère place, il n’y aura « que » 720 personnes qui verront ma pôle position et cliqueront peut-être sur mon article/mon site contre 3 600 si je me place sur « rédacteur web ».

On ne va pas se mentir, la différence est quand même énorme (5 fois plus pour être exacte). C’est un peu le même délire sur les plateformes de freelances (le diable incarné, oui je sais). Que l’on cherche « rédacteur » ou « rédactrice », les profils pertinents qui ressortiront vont être différents

Normal ?

En soi ça le serait si chaque personne faisait une double recherche sur les termes au masculin et féminin. Sauf que combien de gens le font vraiment ? Et je jette la pierre à personne. Ça demande du temps en plus et une certaine prise de conscience féministe pour le faire.

En plus, ça soulève autre chose, celle de la binarité de genre. Mais ça, on en parlera dans un autre article.

Donc est-ce que je choisis des expressions bien plus génériques comme « rédaction web » ou même « copywriting » ? Dans ce cas-là l’intention de recherche ne sera pas la même et le trafic qualifié non plus.

Parce qu’avec de telles requêtes on cherche surtout des formations sur la question ou bien des fiches métiers pour répondre à ses interrogations et pas forcément une freelance avec qui travailler.

Faut-il écrire au masculin même quand on féminise les mots ?

À force de frustration, je me suis dit que j’allais faire un mix des deux pour rédiger mes contenus et définir ma ligne éditoriale.

Je me concentre sur « rédactrice web », parce que je ne vais pas prôner l’inclusivité et la féminisation des termes si derrière je me nomme rédacteur sur toutes les pages de mon site. Et en plus de ça, identifier les mots avec plus de requêtes pour essayer de me positionner sur des expressions plus larges comme « rédaction web ».

Tadam. ✨

Solution idéale ?

Pas du tout. As usual.

Plus j’y ai pensé et plus je me suis dit que quand même, les mecs avaient vachement de chance de ne pas avoir à réfléchir à tout ça. Encore une fois, ils ont plus de facilités à être visibles, et donc à faire parler d’eux et donc à gagner des sous.

Mais alors, autre question : ne vaudrait-il pas mieux utiliser rédacteur web partout pour utiliser la visibilité de ce mot-clé principal et insuffler mes valeurs et mes idées une fois que la personne atterrit sur mon site ?

Comme ça, on utilise les outils à sa disposition pour véhiculer nos valeurs. Mais ça, je ne suis pas fan et je risque de passer à côté de la plaque.

La question de l’écriture inclusive, du SEO et de la visibilité : une charge mentale en plus

Toutes ces questions qui mêlent valeurs féministes, quête de visibilité et référencement naturel, n’est-ce pas se rajouter (encore) de la charge mentale en plus ?

Toujours démarcher, se démener, trouver les bons mots pour être visible, véhiculer ses idées, chercher à comparer plusieurs requêtes pour se faire entendre et voir parmi les tréfonds d’internet…

Une autre solution qui existe consiste à utiliser des mots épicènes, des mots-clés dits neutres, et chercher à se positionner dessus. Sauf que bien souvent, ils ont moins de volume de recherche (eux aussi).

Myriam, dans le podcast avec Annie expliquait qu’elle voulait se positionner sur les termes de recherche “spécialiste SEO” car personne ne cherche “experte SEO” par rapport à sa version masculine.

Bref, vous l’aurez compris : c’est parfois difficile de concilier l’écriture inclusive et le SEO. Mais nous ne sommes qu’au début de cette réflexion et je suis certaine que les années à venir nous prévoient de belles choses concernant la visibilité, le référencement naturel et l’écriture inclusive. (Enfin j’espère).

Et puis le référencement de vos textes ne s’appuie pas uniquement sur la rédaction de vos pages et les champs lexicaux choisis.

Il faut aussi soigner la qualité rédactionnelle du contenu, faire attention au taux de conversion, avoir un contenu orienté qui répond vraiment à l’intention de votre cible, prêter attention à l’indexation, le maillage interne et externe et l’expérience utilisateur globale du site internet.

Vaste programme donc.

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L'autrice

Emma Nubel

Emma aime trois choses dans la vie : le chocolat noir fleur de sel, acheter (encore) de nouveaux livres alors que son étagère est pleine à craquer et écrire des articles pour aider les personnes à s’approprier leurs mots et leur SEO.

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